MONT SAINT-AIGNAN - Eglise Saint-Thomas de Cantorbery

Orgue : 2 claviers , pédalier - 23 jeux

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Très peu de pièces d’archives concernent cet instrument. Un orgue pouvait-il exister dès le XVIème siècle ? On remarque que si l’édifice fut construit au XIIème siècle, son clocher fut refait au XIXème siècle.  L’orgue est  situé au revers de la façade, en fond de nef.

 

Composition :

 

Positif Grand-Orgue Pédale
     
Bourdon 8' Bourdon 8' Flûte 8'
Prestant 4' Montre 8' Trompette 8'
Flûte allemande 4' Prestant 4'  
Doublette 2' Flûte 4'  
Larigot 1 1/3' Nazard 3'  
Cymbale Doublette 2'  
Cromorne 8' Quarte de Nazard 2'  
Voix humaine 8' Tierce 1 3/5'  
  Flageolet 1  
  Fourniture III rgs  
  Cymbale III rgs  
  Cornet V rgs  
  Trompette 8'  

accouplement à tiroir I/IIDiapason 440

Tirasse GO tempérament mésotonique

Tremblant

 

 

Plusieurs mentions quant à un orgue ou à des organistes sont relevées dans les livres de comptes du Prieuré :

 

 

Lors de notre prise en charge du chantier de restauration, nous étions en présence d’un buffet d’orgues Renaissance fortemment dégradé, grand orgue et positif (seulement une face avant), d’un matériel instrumental composé d’un  grand sommier de 22 registres à deux layes et à gravures intercalées, quelques éléments de transmissions mécaniques, abrégé à l’italienne, planche du pédalier à la française, quelques bâtons de tirage des registres. Tout ce matériel dans un état d’abandon et de décomposition très avancé dû à l’humidité  élevée de l’intérieur de l’église.
On notait deux fenêtres des claviers. L’une à l’arrière du grand Buffet, l’autre à l’avant. Celle de l’arrière semblait beaucoup plus ancienne.

 

Le soubassement du buffet Grand-orgue était plaqué de grandes planches de chêne, grossièrement découpées pour former la fenêtre des claviers.


Après démontage des buffets, et une fois ces planches de chêne retirées, nous avons pu examiner la structure d’origine et constater les modifications qui  y furent apportées. D’anciennes mortaises associées à plusieurs autres traces d’assemblages nous indiquaient clairement que la face avant du

Positif avait été détachée du grand buffet. On pouvait en effet,  déduire logiquement, qu’à l’origine, l’orgue était situé en bordure de tribune, et que le buffet du Grand-orgue ne faisait qu’un avec la façade du positif au niveau du soubassement, d’où la présence de la fenêtre des claviers située à l’arrière.

 

La reconstitution complète selon notre proposition de ce splendide buffet Renaissance  avec la restauration  de la tribune ayant été acceptée par la Conservation  Régionale des Monuments Historiques, les parties instrumentales (probablement du début 19ème) n’ont, de ce fait,  pu être conservées. Leur état de dégradation très  avancé rendait de toutes manières,  difficile,  voire  impossible leur restauration en l’état. Elles sont toutefois conservées pour qu’un jour,  elles soient éventuellement exposées dans l’église.

 

 

    La tribune : (extrait de l’étude faite par M. Decavèle,  technicien conseil Monuments Historiques)

 

« La  tribune est à la  hauteur des tailloirs des chapiteaux  des piliers romans qui séparent la nef des deux bas-côtés. Elle présente trois faces menuisées et un plafond à caissons ouvragés prenant appuis de coté sur des tambours à consoles. La balustrade en chêne est composée de panneaux sculptés embrevés dans des montants à pilastres cannelés, qui rappellent nettement ceux des montants de façade du positif.
Le décor des panneaux représente des compositions géométriques  d’entrelacs et de rinceaux stylisés, avec au centre des roses, d’autres sur les côtés, en avancée, avec des retombées de drapés et des têtes d’anges au centre. Au raccordement d’angles, des panneaux raccourcis représentant des vases à fleurs de lys, encore dans le goût renaissance … »
«… La balustrade pend appui sur un double entablement fortement mouluré. La partie supérieure en avancée repose sur des consoles, ou corbeaux, parés de feuille d’acanthe, alternés en fronton avec des cartouches encadrés de feuillage fleurdelysé.
« On peut voir en cette tribune un ancien jubé, certains pensent à l’ancien jubé de ST Maclou à Rouen »

 

 

Le buffet :


Intégralement en chêne, Il comprend trois tourelles en demi-fond en façade,  la plus grande de 8p est au centre,  et deux tiers-points de côté, dont la face avant était garnie de tuyaux, celle de l’arrière étant fermée par un panneautage.  La façade du positif comprend une tourelle centrale à 7 tuyaux et 2 plates-faces  de chacune 9 tuyaux. 
La tourelle du positif s’encastre sous la grande tourelle du grand orgue d’où l’important culot en pendentif avec ses 5 consolettes à visages humains.


«  Le décor dans son ensemble, permet de situer la construction première de ce buffet dans les toutes premières années du XVIIème siècle, soit à l’époque de Henri IV, ou bien la Régence de Marie de Médicis. Les éléments constitutifs rappellent à la fois la dernière période de la renaissance et le premier quart du 17ème siècle. On peut faire des rapprochements avec d’autres buffets du début du XVIIème, parfaitement daté, tels ceux de Rodez, d’Air-sur -la –lys, Carcassonne, ou bien avec des buffets normands tels ceux de Veules, Neville,  Eu, Vernon pour l’usage des tiers point.
Les consoles à harpies des culots, les volutes à feuillage des écoinçons et des grands couronnements en console des entablements supérieurs des plates-faces, les rinceaux de feuillages plus ou moins stylisés des claires-voies, laissent apparaître en leur centre des étoiles ou des têtes d’anges.

 

 

D’autres éléments du décor évoquent le siècle précédent, tels les landernaux et pinacles des tourelles, les pilastres des montants à motifs composés, les pendentifs à boule, portes à décor, méplats de damiers et portique, les bandeaux de layes et ceux, inférieurs et supérieurs, des tourelles et des tiers-points, rythmes de frises géométriques à entrelacs et roses, corbeaux recouverts d’un sobre feuillage, ou de visage féminin agréables, ou masculins grimaçants. Enfin, tout un monde fantastique de chimères apparaît aux consolettes des deux tiers-points, chevaux ailés, harpies à tête de vieillards, dragons.
Tout ce décor, judicieusement composé, enrichit le buffet d’orgue sans l’alourdir et participe à son dynamisme, à la fois par sa diversité et ses redites. »

 


La nouvelle partie instrumentale :


Le choix a été fait de se rapprocher le plus possible des compositions d’orgues de l’époque de  Titelouze.

Les claviers ont repris  leur place à l’arrière, place qu’ils avaient à l’origine. Les montants à l’arrière du buffet, encadrant la fenêtre des claviers étaient dès l’origine percés de trous carrés pour le passage des bâtons de registres, les nouveaux tirants utilisent ceux-ci et le nombre des trous a fixé le nombre de jeux.
Le sommier Grand-orgue suit l’ordonnance de la façade, il en est de même pour celui du positif situé à l’avant des claviers dans le soubassement. Deux petit sommiers de pédales, situés au extrémités et derrière les deux tiers-points latéraux,  contiennent la Trompette 8p et la flûte 8p. Une part de cette Flûte 8p compose la façade. Le reste est la Montre de 8p et le Prestant 4p pour le positif.
La mécanique des notes est simplement suspendue pour le Grand-orgue avec un abrégé du type Italien, ce qui permet un encombrement en hauteur suffisamment réduit. Celle du positif est foulante avec un balancier sous le sommier. Les abrégés appelés « italien » sont de simples barres de fer rond d’un diamètre qui peut aller de 4mm à 6mm. Les extrémités sont coudées et forgées en forme de palette. Des boucles en laiton fichées dans le panneau et bloquées à l’arrière de celui-ci font office de palier pour la rotation du rouleau.

Ce système est d’une simplicité et d’une efficacité parfaite, le nombre de boucles est déterminé par la longueur du rouleau, la flexion est ainsi complétement évitée. S’il est bien réalisé, le fonctionnement est remarquablement silencieux. C’est en Italie que ce type de technique s’est surtout développé, mais il n’est pas rare d’en rencontrer dans l’orgue français (Clicquot pour les abrégés de ravalement du positif,  Borme et Gazeau à Eyguières 1803..).
Le tirage des jeux est réalisé intégralement en fer forgé, l’encombrement minimum de celui-ci permet un accès plus facile à la tuyauterie intérieure du Positif dans le soubassement. A l’arrière des claviers est disposée une charpente qui reçoit les deux soufflets cunéiformes de 6 pieds sur 3 pieds.
Pour toute la tuyauterie et notamment en ce qui concerne l’établissement des tailles,  nous nous sommes rapprochés de ce que nous  connaissons des spécificités de la tuyauterie du 17ème (Juvigny, Montauban, Embrun…), tuyauteries trop rares  et trop incomplètes en France pour en tirer des informations  irrécusables. Remonter au-delà  de cette époque n’a, à notre avis, plus guère de sens aujourd’hui.  Le nouveau  matériel sonore de cet orgue est donc une interprétation, basée sur des constatations techniques et leurs implications musicales de l’époque de Titelouze. L’ accord a été fait selon un mésotonique à  8 tierces pures.

 

 

vidéos:

 

 

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